Max est né à Froges le 13 mars 1932 dans la maison familiale qui a abrité cinq générations. Il est fils
unique, ses parents étaient agriculteurs comme les 19 familles qui habitaient les coteaux.
Dans son enfance, chacune des maisons situées sur les hauteurs avait son four à pain, pour éviter ainsi de descendre au village. Max a gardé et entretenu le sien, dont il se sert toujours.
A l’époque, les hivers étaient plus rudes, et de la neige, il y en avait à la pelle ! D’ailleurs, lors de sa naissance, 50 cm de neige recouvraient les coteaux, l’accoucheuse avait du mal à monter. Elle était restée bloquée sur la route de Laval au niveau du Boccard, elle a donc dû marcher à pied plus d’un kilomètre sur cette épaisse couche de neige pour arriver au Langenet.
« Pour aller à l’école à l’époque, c’était bien différent. Il fallait traverser les coteaux avec les copains en suivant le chemin des écoliers. Pour descendre on mettait une vingtaine de minutes. Mais les jours de neige, pour trouver le chemin, il fallait le deviner comme on pouvait. Pour remonter, on profitait des traces des chevaux, passés exprès pour faire la trace. L’école se trouvait dans les ailes de la mairie. Notre cour d’école était le parvis. Il n’y avait pas de cantine et il était interdit de manger dans l’école. Nos parents devaient alors trouver une famille chez qui prendre notre repas. »
Par chance, le boucher du bourg était son cousin. A proximité, se trouvait un forgeron, en face du bar des Sept-Laux, le long du ruisseau. Il se rappelle s’y attarder souvent avec les autres enfants car ils aimaient le voir travailler le fer rouge.
En 1937, il n’y avait pas d’eau potable à Froges, même pas à l’école. Alors le village était desservi simplement par l’eau du ruisseau. Les habitants allaient chercher l’eau potable à la fontaine rue Gabriel Péri, derrière l’église. Plus tard, le réseau d’eau se développa. Le Maire de l’époque fit installer l’eau potable sur la commune. Ce fut une révolution, mais peu de personnes voulurent s’y raccorder pour ne pas avoir à payer ces nouvelles taxes.
De plus, les habitants s’étaient raccordés entre-temps directement à l’eau du ruisseau des Adrets.
Alors, pour les convaincre de se raccorder à l’eau potable, le Maire dut faire intervenir les services de l’hygiène pour faire interdire l’alimentation directe des maisons en « vieille eau », par mesure sanitaire.
Depuis tout petit, Max et les autres enfants aidaient leurs parents dans les travaux des champs les jours non scolarisés. Max a perdu sa maman à l’âge de 10 ans, mais la présence de sa grand-mère l’a bien aidé.
« A l’époque tout le monde était très croyant. On allait à la messe le dimanche matin et le curé nous faisait le catéchisme le jeudi après midi. Finalement, c’était tous les jours que nous devions descendre au village ! »
Pendant la guerre, en 1943, Max se rappelle quand la Résistance avait mis, le 1er mai, un drapeau tricolore sur la route principale, entre la Mairie et le bar. Le jour même, les allemands enlevèrent le drapeau, arrêtèrent pour la peine, le secrétaire de mairie, le tenancier du bar des Sept Laux et les emmenèrent en prison à la Gestapo de Grenoble. C’est l’intervention du directeur de l’usine Coquillard, Mr CRETAS, originaire de Suisse-Allemande qui réussit à les faire libérer au bout d’une quinzaine de jours. Cela a évité qu’ils soient déportés.
Max est allé à l’école de Froges jusqu’à 14 ans, l’âge du certificat d’étude, qui se passait obligatoirement au chef lieu de Canton, soit pour Froges : Goncelin. Il fréquenta le lycée Vaucanson pour obtenir le C.A.P. Agricole. Il travailla ensuite sur le domaine familial, aux travaux des champs. A l’âge de 20ans, il effectua son service militaire. Deux ans plus tard, il fut rappelé pour participer à la guerre d’Algérie.
Il reviendra six mois plus tard. Quelque temps après son retour, il a rencontré sa future épouse au bal de la Combe de Lancey, d’où elle était originaire. Ils se marièrent deux ans plus tard en 1959.
En 1960, est venue au monde Martine, leur fille unique. Cette même année, ne pouvant plus vivre de l’agriculture, suite aux charges trop élevées par rapport aux revenus, il a dû travailler aux Papeteries de France, anciennement Fredet à Brignoud.
A partir de 1967, lors des premières difficultés de l’usine, il s’est retrouvé sans travail, mais dès le lendemain, il s’est fait embaucher aux usines CEBAL à Froges, où il était coupeur.
En 1983, il est devenu conseiller municipal à Froges, suivi d’un second mandat en tant qu’adjoint aux travaux, et d’un troisième où il était 1er adjoint. Lors de son mandat, il a contribué principalement à amener le tout-à-l’égout sur les coteaux.
Son grand père était apiculteur et lui a transmis la passion d’élever des abeilles, qu’il pratique toujours chez lui. Max a aussi une deuxième passion pour s’occuper l’hiver, c’est « la vannerie ». Cette passion lui est venue, suite à une visite avec son école, d’un atelier de vannerie. Il s’était dit alors qu’un jour il en ferait.
Max vit toujours dans cette maison familiale qui lui rappelle plein de souvenirs, perpétués de nos jours par cet environnement campagnard agréable, bercé par le tintement des clochettes des moutons et le murmure de son bassin où l’eau coule toujours….